Déplacer les limites
Ouvert ou fermé, figé ou propice à la créativité et la divagation, l’espace qui se déploie dans les jeux vidéo nous confronte régulièrement à ses propres limites. Murs invisibles, out-of-bounds, prisons réelles ou fantasmées, brouillards de guerre, zones de transfert : jouer, c’est souvent une histoire de lignes à suivre, à défendre ou à déplacer, de seuils à découvrir ou à franchir.
Quand on parle de frontières dans le contexte des jeux vidéo, on pense aussi et surtout à un vaste marché transnational où s’échangent des biens culturels et des produits technologiques toujours plus raffinés. Or, si on parle aujourd’hui volontiers d’industrie globalisée, il ne fait pas oublier qu’une grande partie de la production se destine à des marchés et à des publics locaux.
Entre le centre et les marges s’organisent ainsi des transferts de capitaux financiers, humains et symboliques, et une circulation des récits qui ne cesse de se diversifier et de se renouveler. La figure du migrant, notamment, qui apparaît de plus en plus souvent dans les productions indépendantes, semble ainsi faire contrepied aux fantasmes de surpuissance qui structurent les jeux de stratégie et aux discours triomphants des multinationales du divertissement.